Ascenseur pour Orgeval

un texte d’Emmanuel Schaeffer
Mise en scène : Didier LELONG

Une pièce douce, dure et dingue

Avec Ascenseur pour Orgeval, le Facteur Théâtre propose une plongée au cœur des quartiers en pleine rénovation urbaine. « Le projet est né en 2010, explique Didier Lelong, directeur Artistique de la compagnie Le Facteur Théâtre. Dans le cadre de la politique de la Ville, nous sommes intéressés à la mutation que vivent actuellement les quartiers de banlieue et leurs habitants. Avec l'idée d'en faire une pièce de théâtre » Pour ce faire, la compagnie et le metteur en scène choisi, Emmanuel Schaeffer, ont parcouru les rues du quartier Orgeval à la rencontre de ses habitants afin de comprendre comment ils vivaient ces bouleversements. De cette immersion de terrain, à la recherche de la véritable histoire du quartier, est donc né Ascenseur pour Orgeval. Dans cette pièce qui mélange les genres, empruntant au drame et à la comédie, poussant la chansonnette et usant de marionnette, Emmanuel Schaeffer retrace donc la grande histoire d'Orgeval, de l'époque Gallo-Romaine à aujourd'hui, en passant par la Première Guerre Mondiale, à travers les petites histoires de ceux qui y vivent, mais « sans dramatiser la situation du quartier ». « L'idée, c'est de dire la vérité sans tomber dans le pathos, précise Didier Lelong. Dans l'intimité du Gourbi, une toute petite salle de 19 places, la pièce prend donc place dans un immeuble voué à une prochaine démolition, avec pour témoin privilégié et symbolique, un ascenseur. Entre la cave et les sept étages de ce bloc, les cinq comédiens dressent les portraits de personnages fictifs ou réels, des Pieds nickelés maniant l'ironie et la dérision, parfois se moquant des clichés, mais toujours avec une justesse et le souci de parler vrai sur la réalité de la vie à Orgeval et dans les quartiers en général, donnant au final une réflexion humaine à la portée universelle.

l'Hebdo du Vendredi, le 4 octobre 2013



Orgeval au centre d'une création

Le Facteur Théâtre présente, ç partir de ce soir, « Ascenseur pour
Orgeval », une pièce ècrite d'après les témoignages d'habitants du quartier.

Il a pris le temps de découvrir le quartier. De rentrer en contact avec ses habitants. De parler avec eux pour apprendre à les connaitre et leur faire exprimer ce qu'ils ont sur le cœur.

Tous ces témoignages, receuillis lors d'une dizaine d'incursions de plusieurs jours dans le quartier, ont servi de base à Emmanuel Shaeffer pour écrire « Ascenseur pour Orgeval », une pièce présentée à partir de ce soir, et jusqu'au 26 octobre, dans le petit théâtre Le Gourbi de son ami Didier Lelong.

Une longue enquête auprès des habitants

« L'aventure à débuté il y a trois ans, explique-t-il. La Ville de Reims a commandé un texte sur la mémoire d'Orgeval. Didier Lelong, que j'ai connu lors d'une résidence d'artistes à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignons et avec lequel j'ai participé à une Nuit blanche à Paris, m'a contacté. J'ai alors accepté de travailler sur ce quartier difficile. »

Dans « Ascenseur pour Orgeval », le réel et la fiction se superposent. Mais Emmanuel Shaeffer dit tout, sans tabou. « Oui, il y a des problèmes de drogue, d'alcool, e violence, de vide identitaire. » Lors de son enquête sur le terrain, l'auteur en a d'ailleurs fait les frais. « Les relations avec les jeunes de 14-16 ans en échec scolaire ont été difficiles et j'ai bien failli me faire casser la gueule », raconte-t-il. « Beaucoup d'habitant se plaignent et ne se rendent pas compte que la rénovation urbaine leur offre des appartements de qualité. J'ai parfois eu envie de leur dire d'aller faire un tour à La Courneuve, pour voir la différence ! », poursuit-t-il.

Cet ancien comédien du Théâtre national de Strasbourg, insiste sur la richesse historique de ce quartier du nord de Reims. « Les trois-quarts des gens ne savent pas qu'Orgeval a été construit sur une ancienne tranchée. La ligne front que les Allemands n'ont pas réussi à franchir était toute proche. Ici ont combattu des Marocains, des Sénégalais... Les habitants d'origine étrangère doivent savoir qu'il vivent là où se sont battus leur ancêtres. »

Mis en scène par Didier lelong, « Ascenseur pour Orgeval » traite avec humour de la question des banlieues. « On part de l'histoire d'une pièce de théâtre qui n'arrive pas à se jouer pour évoquer la réalité des quartiers sensibles, note Emmanuel Shaeffer. Tout ce qui se vit à Orgeval pourrait se passer ailleurs. C'est pourquoi les commédiens ne parlent pas de Reims mais « de la ville d'à côté. »


l'Union, le 8 octobre 2013