"Vigile à temps partiel dans un entrepôt de banlieue, Mickey fait partie de ces 'gens de peu' dont parle le philosophe Pierre Sansot. A ses yeux, pourtant, la vie est une épopée. Son regard dramatise et magnifie les évènements les plus ordinaires, du coup de froid fatal d'une grand-mère aux aventures sentimentales d'une nymphette de HLM, en passant par les tribulations d'une famille prolétaire dans un minable pavillon de banlieue.
Ainsi transfiguré, le spectacle du quotidien lui permet de supporter ses frustrations, qui sont nombreuses. De l'état de nullité sociale, il se hisse au niveau des héros, quitte à payer, pour cette promotion, un tribut de sang et de folie. Le chômage le menace et l'amour lui échappe - même sa chienne préférée lui préfère d'autres dresseurs en uniforme, - mais peu importe : il dialogue avec Dieu en tête-à-tête et des millions de Chinois visitent ses nuits de solitude.
Quand à Natacha de Pontcharra, elle manifeste sa fraternité avec les rebuts de la société à travers une langue drue et crue, d'un humour ravageur. Et son lyrisme visionnaire lui permet de frôler sans péril l'obscénité, notamment lorsque son héros fantasme sur la fille qu'il convoite en inventoriant les ordures de la belle." (Bernadette Bost / Le Monde)